Actu médias - 2022
La chronologie des médias permet d'organiser le temps de décalage de la diffusion des films, afin qu'il ne rogne pas sur leur exploitation en cinéma. Les différents supports utilisés peuvent être physiques comme le Blu-ray et le DVD ou immatériels comme la VOD, le streaming ou la diffusion via une chaîne de télévision. Une nouvelle chronologie des médias rentre en vigueur à partir du mois de février, c'est justement pour nous l'occasion de faire le point sur ce qui a été annoncé. Va-t-on pouvoir voir des films récents en streaming plus facilement ? Dans cet article, nous allons voir ce qui change en 2022, avec la démocratisation du streaming et de la VOD, et suivant quels critères la chronologie des médias est attribuée.
Un raccourcissement des délais de diffusion
Après des années de discussions passionnées, voire houleuses, un accord vient d'être mis en place entre les différents acteurs des diffusions d'œuvres cinématographiques en France. En dehors de la question du peloton de tête de cette nouvelle chronologie des médias, ce qui est indéniable, c'est que les délais de diffusion seront plus courts qu'avant.
- Canal+ voit sa durée de délai de diffusion passer de 8 à 6 mois, après la sortie d'un film.
- les plateformes de streaming, qui avaient jadis une fenêtre de 36 mois d'attente avant qu'un nouveau film n'arrive dans leur catalogue, voient cette durée baisser d'une quinzaine de mois.
- le délai maximal qui était de 44 mois, pour la diffusion d'un film après son exploitation en salles, passe dorénavant à 36 mois.
- en ce qui concerne les chaînes de télévision, il faudra patienter 22 mois pour qu'un film soit diffusé sur TF1, France TV, M6 ou Arte, tandis que les autres chaînes gratuites du réseau TNT devront patienter 8 mois de plus. Toutefois, cette fenêtre raccourcie est conditionnée par le fait qu'elles devront investir au minimum 3,2 % de leur chiffre d'affaires dans la production cinématographique française.
Comme nous pouvons le voir, les chaînes nationales sont les dernières à être prises en compte par ces réformes, cependant, elles bénéficieront de 14 mois d'exclusivité de diffusion sur certains films. En conséquence, cela signifie que pendant ce laps de temps les plateformes de streaming devront retirer ses œuvres de leur catalogue français. Des accords seront cependant possibles pour partager les droits de diffusion et le délai pourra être ramené à 19 mois, si le film n'a pas été acheté par une chaîne payante ou par une plate-forme. Du côté des DVD, de la VOD et du Blu-ray, il n'y a eu aucun changement annoncé. Ce sera donc le même délai de 4 mois après la fin de l'exploitation cinématographique en salle, pour pouvoir acheter un film sous ce format-là. Enfin, les streaming séries n'étant pas exploitées en salle, elle ne sont pas concernées par ces réformes. Un épisode peut, par exemple, être disponible en VOD le lendemain de sa diffusion aux USA. Les choses sont encore plus rapides pour les plateformes de streaming, où l'entièreté des séries autoproduites sorte en même temps !
Comment la chronologie des médias est-elle attribuée ?
En décembre 2021, les grandes plateformes multimédias Netflix, Disney+, Amazon Prime et Apple TV+ avaient signé avec le CSA une convention qui les obligeait à verser entre 20 et 25 % de leur chiffre d'affaires afin de participer à la production audiovisuelle française. Il semble que seulement Netflix ait respecté toutes les clauses établies, car c'est lui qui arrive en pole position parmi les géants du streaming. La suprématie évidente de Canal+ est, en majeur partie, due aux centaines de millions d'euros investies par le géant multimédia dans l'industrie cinématographique. Pour être plus précis jusqu'en 2024, il est prévu qu'ils investissent plus de 600 millions d'euros dans le cinéma européen. Pourtant, la position privilégiée de la première chaîne payante reste à nuancer. Techniquement parlant, la chaîne a gagné moins de mois que Netflix dans cette nouvelle chronologie des médias, malgré des dépenses bien plus conséquentes. Par contre, là où Canal+ prend de l'avance, c'est sa façon beaucoup plus frontale de concurrencer la VOD, le DVD et le Blu-ray, avec lesquels il partage désormais des dates de diffusion quasi-similaires. Les privilèges de diffusion se font si la chaîne ou la plate-forme est considérée comme « vertueuse », c'est-à-dire si elle respecte 11 engagements précis, et a signé des accords avec les organisations du cinéma français. Lorsque ce n'est pas le cas, comme on peut le voir avec Amazon Prime et Disney+, cela a un impact défavorable sur la fenêtre de diffusion accordée. Disney s'est d'ailleurs déclaré insatisfait de ces nouveaux accords et envisage de ne plus diffuser certaines de ses productions au cinéma afin de les publier directement en streaming film sur sa plateforme. Cependant, les bénéfices engrangés par les sorties au cinéma rendent ce scénario peu plausible. Nous verrons dans les années qui viennent, si le pourcentage des sorties cinéma de ce géant du divertissement a connu un réel changement, ou non, suite à cette nouvelle chronologie des médias. Enfin, rappelons que le Festival de Cannes, en partie financé par l'État, ne sélectionne jamais des films du Netflix catalogue en compétition, contrairement à d'autres cérémonies de remise de prix. La raison est simple, une œuvre disponible via la plateforme n'est pas vouée à sortir, par la suite, dans les salles ... Dans ce modèle économique, un nouveau film Netflix ne génère donc aucun bénéfice pour l'industrie audiovisuelle française.
La fenêtre de diffusion des films en salle de plus en plus courte, notamment avec l'explosion du streaming, n'est pas la seule raison à la réforme de la chronologie des médias. Bien que ces nouvelles venues représentent une véritable médiathèque numérique, qui change les règles du jeu, l'aspect financier reste au centre du débat. Il est, par exemple, important de comprendre que les plateformes de streaming, avec leur chiffre d'affaires astronomique, vont de plus en plus jouer sur un terrain qui était jusqu'alors sous l'entière mainmise de Canal+ ! Pour illustrer ce point, rappelons que les 40 millions d'euros que Netflix va devoir injecter dans la création française ne représentent que 4 % de son chiffre d'affaires en 2021. Même si la plateforme s'engage aussi dans la production d'une dizaine de films français par an, l'accord lui reste avantageux. La nouvelle chronologie des médias qui doit s'étendre sur une durée de 3 ans, avec une clause de revoyure en 2023, avait un rôle délicat à jouer. Celui de prendre en compte l'évolution des habitudes de visionnage des Français, liée aux évolutions technologiques et aux confinements, tout en gardant un équilibre nécessaire pour ne pas mettre à risque son financement.
Sources :
https://www.ecranlarge.com/films/news/1415080-chronologie-des-medias-netflix-grand-gagnant-de-la-reforme-canal-faux-vainqueur
https://www.echosdunet.net/breve/la-chronologie-des-medias-se-reduit-pour-canal-ocs-et-netflix
https://www.vie-publique.fr/en-bref/283477-chronologie-des-medias-des-delais-plus-courts-pour-diffuser-les-films
Auteur : Bill MKF
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